Texte issu de l'édition de la résidence à Rocheservière au Site Saint Sauveur.
Edition réalisée par le studio Sinople, texte rédigé par Eric Sébastien Faure-Lagorce
Déambulation vendéenne, « La porosité du territoire » est un pas de plus dans l’oeuvre de Mathilde Caylou. L’artiste, qui a fait siens les sujets du sol et du paysage vus par le prisme de la matière et principalement du verre, y poursuit ses questionnements sur les interactions entre les éléments naturels, entre l’homme et son espace environnant. Elle aurait pu employer le pluriel dans le titre de sa proposition tant cette porosité qu’elle évoque prend de multiples formes, convoque de multiples acteurs et intervient en différents lieux. Porosité physique, l’absorption et la résurgence de l’eau a guidé sa résidence. Psychique, la porosité nie ici toute conception qui pourrait faire de la nature un simple élément de décor ou une source productiviste mais souligne plutôt la racine commune au paysan, au paysage et au pays, réaffirme l’impossibilité de dissocier l’homme de son espace et de sa culture. L’usage du singulier corrobore ainsi cette vision globale du territoire. Cheminement vers l’Atlantique depuis le Site Saint-Sauveur, « La porosité du territoire » offre également un point de vue sur les caractéristiques physiques et culturelles du paysage qui s’est offert à Mathilde Caylou lors de ses longues marches et rencontres avec celles et ceux qui vivent et font le territoire. Elle les dévoile sous une forme nouvelle et contemplative, par une démarche qui retrace un parcours effectué à travers le bocage et le marais, de la terre à l’océan en prenant l’eau et son ruissellement pour fil d’Ariane. Au gré des années, au gré des saisons, au gré de ses mouvements induits par des événements naturels ou par l’homme et ses pratiques, l’eau transforme constamment le sol. La terre, la végétation et l’élément liquide s’entremêlent et dialoguent par des formes communes. Mémoire et topographie sculpturale du territoire, comme un instantané fixé sur un matériau d’origine minérale et dont l’état amorphe se dit entre solide et liquide, cette proposition tente d’extraire et figer une couche de ces strates historiques dont le sol ne conserve plus de trace visible du fait de ses mutations perpétuelles. Par des jeux de matière, de lumière et de transparence, le verre permet à l’artiste de révéler ces reliefs, ces formes et de retranscrire sa vision de cette réalité, d’inciter à se placer sous un angle différent pour l’observer et la re-découvrir.